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Chroniques d'un mineur à Singapour
16 mai 2009

Dans la peau d'un immigré...

Vendredi, il a fallu que j'aille me faire régulariser au Ministery of Manpower of Singapore. En effet, pour pouvoir bosser, même si c'est un stage, et ben il faut une carte de séjour qui nous l'autorise : un Work Pass.
Donc direction l'endroit en question, avec mes papiers.
Et là j'arrive dans un un truc qu'on pourrait résumer comme ça : "Usine de fabrication de travailleurs destinés à servir Singapour".
Premier truc : une queue de 50 personnes vers un bureau où l'on doit se faire examiner passeport et compagnie, pour obtenir un numéro qui correspond à l'ordre dans lequel on passera au bureau suivant... Dans la queue, c'est assez chaud, les mecs poussent de partout, la plupart sont d'origine Indienne ou sud-asiatique en général. Il faut dire que dans le coin, Singapour c'est un peu comme une côte de boeuf dans un resto végétarien, on oublie tout le reste et on pense qu'à la bouffer (la côte de boeuf). Pour ceux qui auront suivi la métaphore, on comprend donc que l'empressement soit si grand. Comme me l'a fait remarquer, en rigolant comme à son habitude, l'un des cadres de la boîte qui m'accompagnait (il se fait appeler "Uncle"), j'étais le seul blanc en pantalon-chemise-classe dans la queue... Effet "spotted" garanti. Donc après m'être fait copieusement regardé du coin de l'oeil, j'arrive au bureau où une femme aussi accueillante qu'une porte fermée m'engueule à moitié parce que mes photos d'identité sont trop "glittering", comprenez brillantes. Bon c'est des photos d'identité standard que j'avais amené de France, mais qu'à cela ne tienne, un bureau qui fait les photos qui vont bien est juste à côté! Moyennant 6 dollars (3 euros), on me prend en photo à la va-vite ce qui me donne une tête de repris de justice...
Passé la formalité, j'ai mon numéro, et là on doit attendre devant des grands panneaux qui égrennent les numéros des gens. Pendant ce temps, des téléviseurs diffusent des spots à l'attention des nouveaux travailleurs. Là ça devient très bizarre. Ca commence sur un ton : "Singapour, la ville de vos rêves, donnez tout à Singapour, Singapour vous le rendra". Ensuite, les règles auxquelles on est soumis, du genre on ne peut pas cumuler plusieurs emplois, on doit toujours avoir la carte sur nous sinon au premier contrôle on est jeté hors du pays, etc. Et là, on arrive sur des spots "ciblés". En effet, quand on est Singapourien et riche, il est du meilleur effet que d'avoir un (des) domestique(s) pour le travail de maison. Les domestiques, bien évidemment ne sont pas Singapouriens, ils sont assis autour de moi en train de regarder le spot. Et le spot commence comme ça : "What advices would you give to your domestics?" (quels conseils donneriez vous à vos domestiques?). Ensuite, un couple jeune et dynamique de Singapouriens, assis dans le grand canap' du grand salon, commence à donner ses conseils. A l'écran, des mots "frappants" défilent en même temps genre :"obey, be consciencious, respect your employer, etc". La vidéo se conclut sur le super couple qui donne 3 supers billet de 10 dollars (15 euros) à un super domestique immigré qui est super content. Le gros délire paternaliste, et ça continue avec des vidéos qui expliquent comment laver les vitres (sinon on peut tomber, ce que montre la vidéo, avec un zoom final de 3 minutes sur une morte en bas d'un immeuble). Le temps de me rappeler que je suis là en stage et non en temps qu'escla.. domestique, et c'est mon tour.
On recontrôle mes papiers, on m'engueule, on me dit de me magner, on prend mes empreintes en n'y allant pas de main morte sur mon pouce, et on m'engueule parce qu'il est un peu sale. Sur ce je peut partir et revenir dans 5 jours pour avoir mon Work Pass.
"Uncle" m'a dit par la suite qu'il y a deux centres comme celui là à Singapour. L'autre est dans un grand immeuble très classe, avec un personnel très accueillant. Les cols blancs et les business class du monde entier y sont attendus. Pour les autres, c'est le centre où je suis allé. Je comprend mieux l'effet "qu'est-ce que je fous là?" qui m'a pris pendant toute la durée des formalités. Hé oui, en tant que stagiaire, donc travailleur de seconde zone, j'ai été "orienté" de façon différente. Tout ça pour dire qu'être dans la peau d'un immigré de "base" ça donne vraiment l'impression d'être 2 bras et eventuellement un cerveau dont on pourrait très bien se passer mais qui coûte moins cher donc qu'on veut bien prendre quand même.
Pas très gênant pour moi, ça m'aura permis de voir cet envers du décor, et je suis de toute façon dans ceux qu'on empêche pas trop de rentrer, même si on m'a beaucoup contrôlé et très (plus) strictement (que les autres).
Bon n'empêche que j'ai bien retenu les "leçons du bon domestique", je vais m'employer à nettoyer ma piaule!

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Commentaires
G
eeeeeeh mais didonc c'est quand que tu mets d'autres zistouareuh ?? moi je me fous à fond dans le blog à partir de demain ! à bon entendeur (et je sais que tes oreilles sont décrassées !) gros bisousousssss ptit cucul !
H
Et qui c'est qui la la nettoyer la médème qu'est tombé, hein ?
M
tiens, ça me donne envie d'avoir un domestique...
T
mouhaha, je me suis bien marré en lisant ton article. Cependant ne rigole pas trop avec les restos végétariens, y'a que ça ici XD
Chroniques d'un mineur à Singapour
  • En 3° année à l'EMN, je fais un stage de 3 mois à Singapour, c'est l'occasion de décrire ce pays (ou plutôt cette ville qui est un pays) à travers des anecdotes, des photos et des commentaires sur ce que je pourrai voir et entendre là bas.
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